cours-maths/main.typ

1406 lines
39 KiB
Plaintext

/* Cours de mathématiques fondamendales © 2024 by
Valentin Moguérou is licensed under CC BY-SA 4.0 */
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#show: thmrules
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#let emptyset = $diameter$
#let mapsto = $arrow.bar$
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"axiom",
"Axiome",
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"Règle",
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"hist",
"Note historique",
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#let theorem = thmbox(
"theorem",
"Théorème",
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"theorem",
"Proposition",
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#let lemma = thmbox(
"theorem", // Lemmas use the same counter as Theorems
"Lemme",
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#let corollary = thmbox(
"corollary",
"Corollaire",
base: "theorem", // Corollaries are 'attached' to Theorems
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#let definition = thmbox(
"definition", // Definitions use their own counter
"Définition",
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#let notation = thmbox(
"definition", // Definitions use their own counter
"Notation",
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#let exercise = thmbox(
"exercise",
"Exercice",
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base: none, // Unattached: count globally
).with(numbering: "I") // Use Roman numerals
// Examples and remarks are not numbered
#let example = thmplain("example", "Exemple").with(numbering: none)
#let remark = thmplain(
"remark",
"Remarque",
inset: 0em
).with(numbering: none)
// Proofs are attached to theorems, although they are not numbered
#let proof = thmproof(
"proof",
"Démonstration",
base: "theorem",
)
#let solution = thmplain(
"solution",
"Solution",
base: "exercise",
inset: 0em,
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/*
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title: "Cours de mathématiques",
subtitle: "En finir avec les « boîtes noires »",
author: "Valentin Moguérou",
affiliation: "Lycée Saint-Louis",
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*/
#let title="Cours de mathématique moderne"
#let author="Valentin Moguérou"
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author: author,
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set text(weight: 700, 20pt)
title
v(1em)
set text(15pt)
author
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title: [Table des matières],
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}
= Logique
== Contexte
On se place dans le cadre de la logique classique du premier ordre, non définie ici.
On rappelle informellement ses enjeux ici.
#definition[
Une suite de symboles mathématiques s'appelle un *assemblage*. Parmi les assemblages
qui ont un sens, on distingue les *termes* et les *relations*. Les termes sont des
objets mathématiques, et les relations sont des phrases qui font intervenir ces
objets mathématiques.
L'application de définitions, vues comme raccourcis de langage, permettent, par
l'introduction de symboles ou de mots français, de se dispenser d'écrire une pure
suite de symboles.
]
#example[
#table(
columns: (1fr, 1fr, 1fr),
table.header(
[*Termes*], [*Relations*], [*Ni l'un, ni l'autre*]
),
[
- $1+1$
- $NN$
- ${n in ZZ | exists p in ZZ : n=2p+1}$
],
[
- $1+1=2$
- Les zéros non triviaux de la fonction $zeta$ se situent tous sur la droite complexe d'équation $Re (z) = 1/2$.
- $2 + 2 = 5$
],
[
- $1 "et" 2$
]
)
]
#definition[
Les relations font intervenir une ou plusieurs variables. On appelle argument de
la relation toute variable non définie présente dans la relation. On appelle
arité de la relation son nombre d'arguments.
On dit qu'une relation est un prédicat si elle est d'arité $>=1$, et que c'est
une proposition sinon.
]
#example[
- $1+1 = 2$ est une proposition
- $1+x=3$ est un prédicat de variable $x$
- $x + y = z$ est un prédicat d'arité 3.
- Si la variable $x$ est fixée, alors $1 + x = 2$ est une proposition.
]
#definition("Vérité")[
On attribue aux propositions une valeur booléenne appelée vérité, qui peut être
"vrai" ou "faux" : l'un ou l'autre, toujours l'un, mais jamais les deux à la fois.
Une proposition vraie (resp. fausse) est appelée une tautologie (resp. antilogie).
On note $top$ (lire "top") et $bot$ (lire "bot") deux propositions telles que
$top$ soit vraie et $bot$ soit fausse.
]
== Connecteurs logiques
#definition("Connecteurs logiques")[
Étant donné deux propositions P et Q, on appelle :
- négation de $P$, notée $not P$, la proposition vraie ssi $not P$ est fausse~;
- conjonction de $P$ et $Q$, notée $P and Q$ ou $P "et" Q$, la proposition vraie ssi $P$ et $Q$ sont simultanément vraies~;
- disjonction de $P$ et $Q$, notée $P or Q$ ou $P "ou" Q$ la proposition fausse ssi $P$ et $Q$ sont simultanément fausses
]
On donne les tables de vérité des connecteurs précédents.
#figure(grid(columns: 3, row-gutter: 1cm, column-gutter: 1cm,
table(
columns: (auto, auto),
[$P$], [$not P$],
[V], [F],
[F], [V]
),
table(
columns: (auto, auto, auto),
[$P$], [$Q$], [$P and Q$],
[V], [V], [V],
[V], [F], [F],
[F], [V], [F],
[F], [F], [F]
),
table(
columns: (auto, auto, auto),
[$P$], [$Q$], [$P or Q$],
[V], [V], [V],
[V], [F], [V],
[F], [V], [V],
[F], [F], [F]
),
"a) Table de la négation", "b) Table de la conjonction", "c) Table de la disjonction"
),
caption: "Tables de vérités usuelles")
#definition("Équivalence au sens de la vérité")[
On dit que deux propositions $P$ et $Q$ sont équivalentes au sens de la vérité,
et l'on note $P equiv Q$ ssi elles ont la même valeur de vérité.
]
#proposition("Propriétés élémentaires des connecteurs logiques")[
Soient $P$, $Q$ et $R$ trois propositions. On a toujours~:
- $P and Q equiv Q and P$ (commutativité de $and$)
- $P or Q equiv Q or P$ (commutativité de $or$)
- $(P and Q) and R equiv P and (Q and R)$ (associativité de $and$)
- $(P or Q) or R equiv P or (Q or R)$ (associativité de $or$)
- $not not P equiv P$ (double négation)
- $not (P and Q) equiv not P or not Q$ (lois de De Morgan)
- $not (P or Q) equiv not P and not Q$ (lois de De Morgan)
- $(P and Q) or R equiv (P or R) and (Q or R)$ (distributivité de $or$ par rapport à $and$)
- $(P or Q) and R equiv (P and R) or (Q and R)$ (distributivité de $and$ par rapport à $or$)
]
#proof[
Il suffit de dresser les tables de vérité.
]
#remark[Dualité][
Remarquons que les formules présentées restent vraies si l'on change tous les
$and$ par des $or$ et inversement.
]
== Implication et équivalence
#definition("Implication")[
Étant données deux propositions P et Q, on appelle implication de P envers Q,
et l'on note $P => Q$, la proposition $not P or Q$.
]
#figure(
table(
columns: (auto, auto, auto),
[$P$], [$Q$], [$P => Q$],
[V], [V], [V],
[V], [F], [F],
[F], [V], [V],
[F], [F], [V]
),
caption: "Table de vérité de l'implication")
#definition[Soient $P$ et $Q$ deux propositions. On appelle *contraposée* de
l'implication $P => Q$ l'implication $not Q => not P$, et *réciproque* de $P => Q$
l'implication $Q => P$.]
#proposition[
Une implication et sa contraposée sont équivalentes au sens de la vérité.
]
#proof[
Soient $P$ et $Q$ deux propositions. On a~:
$ P => Q &equiv not P or Q \
&equiv Q or not P quad &&"(commutativité)" \
&equiv not not Q or not P &&"(double négation)" \
&equiv not Q => not P $
]
#definition[
On appelle équivalence de $P$ et $Q$, notée $P <=> Q$, la proposition
$ (P => Q) and (Q => P) $
]
#figure(
table(
columns: (auto, auto, auto),
[$P$], [$Q$], [$P <=> Q$],
[V], [V], [V],
[V], [F], [F],
[F], [V], [F],
[F], [F], [V]
),
caption: "Table de vérité de l'équivalence")
#proposition[
Soient P et Q deux propositions. Alors on a $P equiv Q$ si, et seulement si la
proposition $P <=> Q$ est vraie.
]
#proof[
- Mq $==>$. Supposons $P equiv Q$. Alors $P$ et $Q$ ont la même valeur de vérité, donc on a~:
- Soit $P$ est vraie et $Q$ est vraie, donc $P <=> Q$ est vraie
- Soit $P$ est fausse et $Q$ est fausse, donc $P <=> Q$ est vraie
- Mq $<==$. Supposons que $P<=>Q$ soit vraie. Alors d'après la table de vérité de l'équivalence, on a soit $P$ vraie et $Q$ vraie, soit $P$ fausse et $Q$ fausse. Dans les deux cas, $P$ et $Q$ ont la même valeur de vérité donc $P equiv Q$.
]
== Raisonnements
#rule[
Pour montrer qu'une proposition de la forme $P => Q$ est vraie, on écrit~:
"Supposons que $P$, montrons $Q$.", puis on démontre $Q$.
Formellement, on dit que l'on démontre $Q$ dans la théorie obtenue en adjoignant
$P$ aux axiomes de la théorie ambiante.
]
#proposition[_Modus ponens_][
Soient P et Q deux propositions, alors
$ P and (P => Q) => Q $ est une tautologie.
]
#proof[
On a d'abord
$ P and (P => Q) &equiv P and (not P or Q) \ &equiv (P and not P) or (P and Q) \
&equiv P and Q, $
puis $P and Q => Q$, car
$ P and Q => Q equiv not(P and Q) or Q equiv not P or underbrace(not Q or Q,
equiv top) equiv top. $
]
#proposition[Disjonction de cas][
Soient $P$, $Q$ et $R$ trois propositions, alors
$ [ (P or Q) and (P => R) and (Q => R) ] => R $
est une tautologie.
]
#proof[Exercice.]
#proposition[Démonstration par l'absurde][
Soit $P$ une proposition. Alors
$ (not P => bot) => P $
est une tautologie.
]
#proof[
On a $not P => bot space equiv space P or bot space equiv space P$, et $P => P$
est une tautologie.
]
#corollary[
En particulier, si de plus $Q$ est une proposition alors
$ (not P => (Q and not Q)) => P $ est une tautologie.
]
== Quantification
Jusqu'ici nous avons travaillé à l'ordre zéro, c'est-à-dire que nous n'avons
travaillé qu'avec des propositions, des relations d'arité zéro. Nous introduisons
donc des notions de calcul des prédicats, essentielles.
Si l'on considère $P_1, ..., P_n$ $n$ propositions. On peut se demander s'il existe
un $k$ entre $1$ et $n$ tel que $P_k$ soit vraie, et on peut se demander si toutes
les propositions $P_k$ sont vraies.
En écrivant $ D = P_1 or ... or P_n = or.big_(i=1)^n P_i quad "et" quad C = P_1 and
... and P_n = and.big_(i=1)^n P_i, $
le problème se ramène à la vérité de $D$ ou de $C$. Maintenant on souhaite généraliser.
On considère un prédicat unaire $P(x)$, d'unique argument $x$. On veut savoir s'il existe un $x$ tel que $P(x)$ ou si pour tout x, on ait $P(x)$. Cependant, on ne peut pas énumérer tous les termes $x$ pour les tester. On est donc limité par nos symboles actuels. On en introduit donc deux autres.
#definition("Quantificateurs")[
Soit $P(x)$ un prédicat unaire d'argument $x$.
On note~:
- $exists x P(x)$ la proposition (il s'agit bien d'une proposition) vraie si, et seulement si il existe un terme $x$ tel que $P(x)$.
- $forall x P(x)$ la proposition vraie ssi pour tout terme $x$, $P(x)$ soit vraie
]
#proposition("Négation d'une quantification")[
Soit $P(x)$ un prédicat. On a~:
- $ not( exists x space P(x) ) equiv forall x space not P(x) $
- $ not( forall x space P(x) ) equiv exists x space not P(x) $
]
#remark[C'est une généralisation des lois de De Morgan.]
#proof[
- Supposons $not (exists x space P(x))$. Montrons que $forall x space not P(x)$.
Soit $x$ un terme, montrons que $P(x)$. Supposons par l'absurde $P(x)$,
alors $P(x)$ serait exemplifiée par $x$, donc $exists x space P(x)$ ce qui
contredit l'hypothèse.
- Supposons $forall x space not P(x)$. Montrons que $not( exists x space P(x) )$.
Supposons par l'absurde qu'il existe un $x$ tel que $P(x)$. Alors en applicant l'hypothèse à $x$, on aurait $not P(x)$, ce qui est absurde.
- Pour le deuxième point, on utilise le premier. On a
$ not( forall x space P(x) ) equiv not not (exists x space P(x)) equiv exists x space P(x). $
]
#proposition("Compatibilité des quantificateurs avec les connecteurs idoines")[
Soient $P(x)$ et $Q(x)$ deux prédicats unaires. On a
- $ exists x space (P(x) or Q(x)) equiv (exists x space P(x)) or (exists x space Q(x)) $
- $ forall x space (P(x) and Q(x)) equiv (forall x space P(x)) and (forall x space Q(x)) $
]
#proof[Laissée en exercice de rédaction au lecteur.]
#remark[C'est une généralisation de l'associativité de $or$ et $and$.]
= Ensembles, relations et applications
== Vocabulaire ensembliste
#hist[
La théorie des ensembles s'est formalisée à la fin du XIX#super[e] siècle avec
l'appui de mathématiciens tels que Georg Cantor (1845-1918), David Hilbert
(1862-1943). WIP
]
#definition("Ensemble")[
On appelle ensemble tout terme.
]
#remark[
Cette définition paraît décevante au premier regard. On vous avait peut-être vendu
précédemment une notion de "collection d'objets mathématiques", ou bien de
"collection désordonnée d'objets mathématiques". Mais ces définitions n'en sont
pas vraiment, elles utilisent elles-mêmes des mots non définis.
Ces tentatives de définitions qui plaisent à l'intuition cachent le fait que le
concept d'ensemble est une *notion primitive* de la théorie des ensembles. C'est
un concept qui n'est pas défini car c'est une brique de base de la théorie.
]
#notation[
Soit $cal(R)$ une relation binaire. Quels que soient les termes $x$ et $y$, on
note $x cal(R) y$ la proposition $cal(R)(x, y)$.
]
#definition("Appartenance")[
On considère sur la théorie des ensembles un prédicat binaire noté $in$. Pour
tous termes $x, y$, on note $x in y$ au lieu de $op(in)(x, y)$ et l'on dit $x$
appartient à $y$.
]
#notation("Quantification restreinte ou typique")[
Soit $P(x)$ un prédicat et $E$ un ensemble.
On note~:
- $exists x in E quad P(x)$ au lieu de $exists x quad x in E and P(x)$~;
- $forall x in E quad P(x)$ au lieu de $forall x quad x in E => P(x)$.
]
#remark[
En particulier, *quel que soit* le prédicat $P$,
- $exists x in emptyset quad P(x)$ est une antilogie
- $forall x in emptyset quad P(x)$ est une tautologie
]
#definition("Égalité")[
On définit une relation binaire notée $=$, et l'on note $x = y$ au lieu de
$op(=)(x, y)$ et l'on dit que $x$ égale $y$ ou que $x$ et $y$.
]
#rule("Critères de substitution")[
Soit $P(x)$ un prédicat unaire, et $U(x)$, $V(x)$ deux termes à un argument.
Alors~:
- $forall x forall y quad x=y => ( P(x) <=> P(y) )$~;
- $forall x quad x = y => U(x) = V(y)$.
]
== Axiomes de la théorie des ensembles
#axiom("Existence d'un ensemble vide")[
Il existe un ensemble vide, c.-à-d.~:
$ exists E space forall x quad x in.not E $
]
#remark[
En réalité, cet axiome n'est pas vraiment nécessaire puisqu'on peut l'obtenir
en applicant le schéma d'axiomes de compréhension à l'axiome de l'infini (voir
plus loin).
]
#definition[
Soient $E$ et $F$ deux ensembles. On dit que $E$ est inclus dans $F$ et l'on
note $E subset F$ si, et seulement si
$forall x quad x in E => x in F$.
]
#axiom("Axiome d'extensionnalité")[
Si deux ensembles ont les mêmes éléments, alors ils sont égaux, c'est-à-dire~:
$ forall E forall F quad (forall x quad x in E <=> x in F) => E = F, $
ce qui est équivalent à
$ forall E forall F quad (E subset F and F subset E) => E = F $
]
#remark[
Ce sont évidemment des équivalences.
]
#definition[
On dit qu'une relation binaire (resp. sur $E$) est~:
- réflexive ssi $forall x quad x cal(R) x$
- symétrique ssi $forall x forall y quad x cal(R) y => y cal(R) x$
- transitive ssi $forall x forall y forall z quad
x cal(R) y and y cal(R) z => x cal(R) z$
- antisymétrique ssi $forall x forall y quad x cal(R) y and y cal(R) x => x = y $.
Respectivement, quantifier sur $E$.
]
#definition("Relation d'équivalence")[
On dit qu'une relation binaire $cal(R)$ est une relation d'équivalence (resp. sur $E$) ssi elle
est réflexive, symétrique et transitive (resp. sur $E$).
]
#definition("Relation d'ordre")[
On dit qu'une relation binaire $cal(R)$ est une relation d'ordre (resp. sur $E$) ssi elle est
réflexive, transitive et antisymétrique (resp. sur $E$).
]
#proposition[
L'égalité est une relation d'équivalence.
]
#proof[
Elle coïncide avec la relation binaire $cal(R)$ définie pour tous ensembles
$E$, $F$ par $E cal(R) F <=> (forall x quad x in E <=> x in F)$ qui est
évidemment une relation d'équivalence.
]
#proposition[
L'inclusion est une relation d'ordre.
]
#proof[
- La réflexivité et la transitivité découlent des propriétés de l'implication~;
- L'antisymétrie est l'axiome d'extensionnalité.
]
#proposition[
Il existe un unique ensemble vide. On le note $emptyset$.
]
#proof[
- Existence : par axiome
- Unicité : Soient $E$ et $F$ deux ensembles tels que $forall x space
(x in.not E and x in.not F)$. On a alors $E subset F$ et $F subset E$, donc
par l'axiome d'extensionnalité $E = F$.
]
#definition("Quantification existentielle avec unicité")[
Soit $P(x)$ un prédicat. On note
$ exists! x quad P(x) $
la proposition
$ ( exists x quad P(x) ) and (forall x forall y space P(x) and P(y) => x=y) $
]
#definition[
On dit qu'un prédicat $P$ de variable $x$ est collectivisant en $x$ si, et
seulement si
$ exists E space forall x quad (x in E <=> P(x)). $
]
#proposition[
Dans ce cas, si un ensemble $E$ vérifie $ forall x quad x in E <=> P(x), $ alors
il est unique et on le note ${ x | P(x) }$.
]
#proof[
Soient $E$ et $F$ deux ensembles, dont l'appartenance équivaut à vérifier $P$.
Alors, pour tout $x$, $x in E <=> P(x) <=> x in F$ donc par l'axiome
d'extensionnalité, $E=F$.
]
#axiom("Schéma d'axiomes de compréhension")[
Soit $P$ un prédicat unaire et $E$ un ensemble. Alors la relation $x in E and
P(x)$ est collectivisante en $x$.
]
#notation[
On note ${x in E | P(x)} = {x | x in E and P(x)}$
]
#proposition[
Soit $P(x)$ un prédicat.
Si il existe $E$ un ensemble tel que $ forall x quad P(x) => x in E $
alors $P(x)$ est collectivisant.
]
#proof[
Dans ce cas, $P(x) <=> P(x) and x in E$, qui est collectivisant par le schéma
d'axiomes de compréhension.
]
#proposition[Intersection binaire][
Soient $A$ et $B$ deux ensembles. Alors la relation $x in A and x in B$ est
collectivisante en $x$. L'ensemble associé est noté $A sect B$.
]
#proof[
Il suffit de poser $A sect B = {x in A | x in B}$.
]
#proposition[Intersection quelconque][
Soit $E$ un ensemble *non vide*. Alors la relation $forall F in E, x in F$
est collectivisante en $x$. L'ensemble associé se note alors $sect.big E$ ou
encore $display(sect.big_(F in E) E)$.
]
#proof[
Comme $E$ est non vide, il possède un élément $F_0$. On pose alors $ I =
{ x in F_0 | forall F in E, x in F }. $
On a alors, pour tout $x$~:
$ x in I &<=> x in F_0 and forall F in E quad x in F \
&<=> forall F in E quad x in F quad "car" F_0 in E $
]
#proposition[Différence ensembliste][
Soient $A$ et $B$ deux ensembles. Alors la relation $x in A and not (x in B)$
est collectivisante en $x$. L'ensemble associé est noté $A without B$.
]
#proof[
Il suffit de poser $A without B = {x in A | x in.not B}$.
]
#definition[Complémentaire][
En particulier, quand $B$ est une partie de $A$, on note $complement_A B$ ou
$overline(B)^A$, ou $overline(B)$ lorsqu'il n'y a pas d'ambiguïté sur la valeur
de $A$, l'ensemble $A without B$, et on l'appelle le complémentaire de B dans A.
]
#theorem[Paradoxe de Russel][
La relation $top$ n'est pas collectivisante. Autrement dit, il n'existe pas
d'ensemble de tous les ensembles.
]
#proof[
Supposons par l'absurde qu'il existe un ensemble $Omega$ tel que $ forall x quad
x in Omega. $
Considérons $A = { E in Omega | E in.not E }$. A-t-on $Omega in A$ ?
- Si oui, alors on aurait $Omega in Omega$ et $Omega in.not Omega$ absurde
- Si non, alors on aurait $Omega in.not Omega$ mais $Omega in Omega$, absurde.
Ainsi l'ensemble $A$ est mal défini, ce qui contredit le schéma d'axiomes de
compréhension.
]
#axiom("Axiome de la paire")[
Soient $a$ et $b$ deux termes (non nécessairement différents). Alors la relation
$x = a or x = b$ est collectivisante en $x$. L'ensemble associé se note ${a; b}$.
]
#remark[
En particulier, cet axiome assure que pour tout $a$, le singleton ${a}$ existe.
On a donc par définition
$ forall x quad x in {a} <=> x = a. $
]
#axiom("Axiome de l'union")[
Soit $E$ un ensemble (comprendre ensemble d'ensembles). Alors la relation
$ exists F in E quad x in F $
est collectivisante en $x$. L'ensemble associé se note $union.big E$ ou
$display(union.big_(F in E) F)$.
]
#proposition[Union binaire][
Soient $A$ et $B$ deux ensembles. La relation $x in A or x in B$ est
collectivisante en $x$ et l'on note $A union B$ l'ensemble associé.
]
#proof[
Il suffit de poser $A union B = union.big {A; B}. $
]
// TODO
#proposition[Traductions ensemblistes ][
Soit
]
#axiom[Axiome des parties][
Soit $E$ un ensemble. Alors la relation $F subset E$ est collectivisante en $F$.
L'ensemble associé se note $cal(P)(F)$ ou $frak(P)(F)$.
]
On ajoute également cet axiome qui nous servira plus tard~:
#axiom[Axiome de fondation][
Soit $E$ un ensemble non vide. Alors il possède un élément $x$ tel que
$x sect E = emptyset$.
]
#proposition[Irréflexivité de l'appartenance][
Soit $E$ un ensemble. Alors $E in.not E$.
]
#proof[
Soit $E$ un ensemble. Supposons par l'absurde $E in E$. On a donc
${E} subset E$. Comme ${E}$ est non vide, il possède un élément $x$ tel que
$x sect E = emptyset$. Or $x in {E}$ donc $x = E$, puis $E sect E = emptyset$,
donc $E = emptyset$, ce qui contredit le fait qu'il possède un élément.
]
#corollary[Autre version du paradoxe de Russel][
Il n'existe pas d'ensemble de tous les ensembles.
]
#proof[
Il se contiendrait lui-même, ce qui est absurde.
]
== Couples
#definition("Couples au sens de Kuratowski")[
Soient $x$ et $y$ deux termes. On appelle couple formé de $x$ et $y$ l'ensemble
${{x}, {x, y}}$. On le note $(x, y)$.
]
#proposition("Unicité des couples")[
Soient $a$, $b$, $c$, $d$ quatre termes. On a~:
$ (a, b) = (c, d) <=> cases(a=c \ b=d) $
]
#proof[
Par double implication.
L'implication $<==$ est évidente. Montrons $==>$.
Supposons $(a, b) = (c,d)$. Montrons $a=c$ et $b=d$.
On a donc ${{a}, {a, b}} = {{c}, {c, d}}$,
donc
- Ou bien ${a} = {c, d}$ et ${a, b} = {c}$, ce qui implique $a=b$ et $c=d$,
puis $a=c$ et $a=d$
- Ou bien ${a} = {c}$ et ${b} = {d}$, donc $a=c$ et $b=d$.
]
#definition[
Pour tout couple $(a, b)$, on note $op("pr"_1)((a, b)) = a$ et
$op("pr"_2)((a, b)) = b$.
]
Ces deux opérateurs sont bien définis par la propriété précédente.
#notation[
Si $P(x,y)$ est un prédicat binaire, au lieu de $forall x forall y quad
P(x, y)$ on peut noter $forall (x, y) quad P(x, y)$.
]
#definition[
Soit $cal(R)$ une relation binaire. On dit que $cal(R)$ est collectivisante si,
et seulement si la relation "$x$ est un couple de la forme $(a, b)$ et
$cal(R)(a; b)$" est collectivisante en $x$.
Dans le cas où $cal(R)$ est collectivisante, l'ensemble associé s'appelle *graphe*
de $cal(R)$.
]
#proposition("Produit cartésien")[
Soient $E$ et $F$ deux ensembles.
La relation $x in E and y in F$ est collectivisante en $(x, y)$.
On appelle produit cartésien de $E$ et $F$, noté $E times F$ et lu "E croix F"
l'ensemble associé.
]
#proof[
On cherche à trouver un surensemble de l'ensemble que l'on essaie de
construire, pour en prendre une partie.
Soit $x in E$ et $y in F$. On a $(x, y) = {{x}, {x, y}} = {{x}} union {{x, y}}.$
Or $x in E$ et $y in F$ donc ${x, y} subset E union F$ puis ${x, y} in
cal(P)(E union F)$. De même ${x} in cal(P)(E union F)$, puis ${{x}, {x, y}}
in cal(P)(cal(P)(E union F))$.
Pour tout $a$, notons $P(a)$ la proposition "$a$ est un couple de la forme
$(x, y)$ et $x in E and y in F$".
On a montré $forall a quad P(a) => a in cal(P)(cal(P)(E union F))$.
Notons $G = { a in cal(P)(cal(P)(E union F)) | P(a)}.$
On a toujours $forall a quad P(a) => a in G$ mais on a en plus $forall a
quad a in G => P(a)$, donc la relation $P(a)$ est collectivisante en $a$
d'ensemble associé $G$.
]
== Correspondances et applications
#definition("Correspondance")[
Soient $E$ et $F$ deux ensembles, et $Gamma subset E times F$. On appelle
correspondance entre $E$ et $F$ le terme $f = (Gamma, (E, F))$.
On note $op("Cor")(E, F)$ l'ensemble des correspondances de $E$ vers $F$. Il
s'agit bien d'un ensemble car il s'identifie naturellement à
$cal(P)(E times F)$.
On note $x mapsto y$ la relation $(x, y) in Gamma$.
On dit que $E$ est l'ensemble de départ de $f$ et que $F$ est l'ensemble
d'arrivée de $f$.
Pour tout $(x, y) in E times F$, si $x mapsto y$ on dit que $y$ est une
image de $x$ et que $x$ est un antécédent de $x$.
]
#definition("Fonction")[
Soit $E$, $F$ deux ensembles et $f$ une correspondance de $E$ vers $F$. On
dit que $f$ est une fonction de $E$ dans $F$ si, et seulement si
$ forall x in E space forall(y, y') in F^2 quad ( x mapsto y and x mapsto
y' ) => y=y' $
Cela revient à dire que si un élément $x$ de $E$ possède une image, alors
elle est unique. On la note alors $f(x)$.
]
#example[
($RR$ défini plus loin) $f : x mapsto 1/x$ de $RR$ dans $RR$, mais seulement
définie sur $RR^*$.
]
#definition("Application")[
Soit $E$, $F$ deux ensembles et $f$ une correspondance de $E$ vers $F$. On dit
que $f$ est une application de $E$ dans $F$ si, et seulement si
$ forall x in E space exists !y in F quad x mapsto y. $
Cela revient à dire que tout élément de $E$ possède une image et qu'elle est
unique. On la note alors $f(x)$. L'ensemble des applications de E dans F
se note $F^E$ (ou plus rarement $cal(F)(E, F)$).
]
#example[
$f: E -> cal(P)(E), x mapsto {x}$.
]
#definition("Injectivité, surjectivité, bijectivité")[
Soit $f$ une application de $E$ dans $F$. On dit qu'elle est~:
- injective ssi $forall (x, x') in E^2 quad f(x) = f(x') => x=x'$
- surjective ssi $forall y in F space exists x in E quad f(x) = y$
- bijective ssi elle est injective et surjective
]
#example[
- $f: RR_+ -> RR, x mapsto x^2$ est injective~;
- $f: RR -> RR_+, x mapsto x^2$ est surjective~;
- $f: RR_+ -> RR_+, x mapsto x^2$ est bijective.
]
#proposition("Caractérisation des bijections")[
Soit $f$ une application de $E$ dans $F$. Elle est bijective si, et
seulement si
$ forall y in F space exists! x in E quad f(x) = y. $
]
#definition("Permutation")[
Soit $E$ un ensemble. Une bijection de $E$ dans $E$ s'appelle une permutation.
L'ensemble des permutations de $E$ se note $S(E)$ ou $frak(S)(E)$
]
#definition[Identité][
Pour tout ensemble $E$, on note $id_E$ l'application
$ id_E : E &-> E \
x &|->x $
]
#definition[Composition][
Soient $E$, $F$, $G$ trois ensembles et $f: E -> F$, $g: F -> G$ deux
applications. On note $ g compose f : E &-> G \ x &|-> g(f(x)). $
Attention, c'est la fonction $f$ qui est évaluée en premier.
]
Attention, la proposition suivante est réservée pour une seconde lecture et fait
appel à des notions encore non abordées.
#proposition[Structure de $S_E$][
Soit $E$ un ensemble. $(S_E, compose)$ est un groupe.
]
#definition[Image directe][
Soit $E$, $F$ deux ensembles, $f$ une application de $E$ dans $F$ et $A$ une
partie de $E$. On appelle image directe de $A$ par $f$, notée $f(A)$ l'ensemble
$ {y in F | exists x in E space f(x)=y} $
]
#proposition[
Soit $E$, $F$ deux ensembles, $f$ une application de $E$ dans $F$ et $A$, $B$
deux parties de $E$. On a~:
- $f(A union B) subset f(A) union f(B)$
- $f(A sect B) subset f(A) sect f(B)$
- $overline(f(A)) subset f(overline(A))$
]
#notation[
On le note aussi
${f(x) : x in E}.$ Cette dernière notation permet de ne pas expliciter
l'application $f$ mais seulement son comportement.
]
#definition[Image réciproque][
Soit $E$, $F$ deux ensembles, $f$ une application de $E$ dans $F$ et $B$
une partie de $F$. On appelle image réciproque de $B$ par $f$, notée
$f^(-1)(B)$ l'ensemble
$ { x in E | f(x) in B }. $
]
= Entiers naturels
== Succession et ensembles héréditaires
#definition[Opérateur "successeur"][
Pour tout ensemble $E$, on appelle successeur de $E$, noté $s(E)$ l'ensemble
$E union {E}$.
On dit également que $E$ est un prédecesseur de $s(E)$.
]
#definition[
On note~: $0 := emptyset$, $1 := s(emptyset)$, $2 := s(s(emptyset))$,
$3 := s(s(s(emptyset)))$, ...
]
#proposition[
On a toujours $E subset s(E)$ et $E in s(E)$.
]
#proof[Par définition]
#proposition[
Soit $E$ un ensemble. L'union $E union {E}$ est disjointe.
]
#proof[
Soit $E$ un ensemble. Supposons par l'absurde $E union {E} != emptyset$.
Il existe donc $x in E union {E}$ puis $x = E$ donc $E in E$, ce qui est absurde.
]
#proposition[
L'ensemble vide n'a pas de prédecesseur.
]
#proof[
Supposons qu'il existe un ensemble $E$ tel que $s(E) = emptyset$. Alors
$E subset emptyset$ donc $E = emptyset$, or $s(emptyset) = {emptyset}$, ce qui est absurde.
]
#proposition[Unicité du prédecesseur][
Soient $E$ et $F$ deux ensembles tels que $s(E) = s(F)$. Alors $E = F$.
]
#proof[
à faire
]
#definition[
On dit qu'un ensemble $E$ est héréditaire si, et seulement si
$ forall x in E quad s(x) in E. $
]
#definition[
On dit qu'un ensemble $E$ est initialement héréditaire
(IH) si, et seulement si $E$ est héréditaire et $emptyset in E$.
]
#proposition[
Une intersection non vide d'ensembles IH est IH.
]
#proof[
Soit $cal(H)$ un ensemble non vide d'ensembles IH. Montrons que
$ sect.big_(H in cal(H)) H quad "est IH". $
On a $forall H in cal(H), emptyset in H$ donc $emptyset in cal(H)$.
Soit $x in limits(sect.big)_(H in cal(H))$. Ainsi $forall H in cal(H), x in H$.
Or comme tous les éléments de $cal(H)$ sont IH, on a $forall H in
cal(H), s(x) in H$, puis $s(x) in limits(sect.big)_(H in cal(H))$.
]
#axiom[De l'infini][
Il existe un ensemble initialement héréditaire.
]
Attention, un tel ensemble n'a pas de raison d'être unique~! En effet, on
pourrait très bien imaginer un ensemble constitué de deux chaînes distinctes~:
$ E_("hyp") = { emptyset, s(emptyset), s^2 (emptyset), ..., alpha, s(alpha), ...} $
On voudrait donc bien disposer d'un ensemble unique, qui ne possède qu'une seule
chaîne~!
== Entiers naturels
#theorem[
Il existe un unique ensemble appelé *ensemble des entiers naturels*
et noté $NN$, tel que
$ NN "est IH" quad and quad forall E quad E "est IH" => NN subset E. $
]
#proof[
Posons $P(H)$ le prédicat défini par $ forall E quad E "est IH"
=> H subset E. $
*Unicité~:*
Soient $H$, $H'$ deux ensembles tels que $P(H)$ et $P(H')$.
Montrons que $H = H'$.
On a déjà $H$ IH et $H'$ IH. Ainsi, comme $P(H)$ et $P(H')$ on a~:
$ H subset H' quad and quad H' subset H $
puis $H = H'$.
*Existence~:*
Par l'axiome de l'infini, il existe $H_0$ IH. Considérons
$ H_1 = sect.big_(H in cal(P)(H_0) \ H "est IH") H. $
$H_1$ est IH comme intersection d'ensembles IH. Montrons que $P(H_1)$.
Soit $E$ IH. Montrons que $H_1 subset E$. On a par définition
$ E sect H_1 = E sect sect.big_(H in cal(P)(H_0) \ H "est IH") H $
Or $H_0$ est dans l'intersection, on le sort donc~:
$ E sect H_1 = (E sect H_0) sect sect.big_(H in cal(P)(H_0) \ H "est IH") H $
Or $E$ IH et $H_0$ IH, donc $E sect H_0$ IH, donc on
le fait rentrer dans l'intersection, ainsi~:
$ E sect H_1 = sect.big_(H in cal(P)(H_0) \ H "est IH") H = H_1. $
Ainsi, on a bien $H_1 subset E$. Le prédicat $P$ est donc exemplifié par $H_1$.
]
#notation[
On note $NN^* = NN without {0}$.
]
#proposition[
Tout entier naturel $n$ non nul possède un unique prédecesseur que l'on notera $p(n)$.
]
#proof[
L'unicité a déjà été démontrée.
Supposons par l'absurde qu'il existe $n_0 in NN^*$ tel que $ forall n in NN quad s(n) != n_0. $
Montrons que $NN without { n_0 }$ est IH.
- On a $emptyset in NN without {n_0}$ car $n_0 != 0$~;
- Pour tout $n in NN without {n_0}$, on a $s(n) != n_0$, donc $s(n) in NN without {n_0}$.
Ainsi $NN without {n_0}$ est IH. Or $NN without {n_0} limits(subset)_eq.not NN$, ce qui contredit le théorème précédent.
]
#proposition[
Soit $A subset NN$ non vide. Alors $limits(sect.big)_(x in A) x in A$ et
$limits(union.big)_(x in A) x in A$.
]
#proof[
à faire
]
#corollary[
La relation $subset$ définit une relation d'*ordre total* sur $NN$. On la note
alors $lt.eq.slant$.
]
#proof[
Soit $(a, b) in NN^2$. Par la propriété précédente on a $a sect b in {a, b}$,
donc $a sect b = a$ ou $a sect b = b$, ce qui entraîne $a subset b$ ou $b subset a$.
]
#definition[
On dit qu'un ensemble $E$ est fini si, et seulement si il existe un entier
$n in NN$ et une bijection de $n$ dans $E$. Sinon, il est dit infini.
]
#proposition[
Un tel entier, s'il existe est unique et est appelé cardinal de $E$, et
noté $op("Card") E$, $hash E$ ou $|E|$.
]
#proposition[
Toute partie non vide de $NN$ possède un minimum.
]
#theorem[Schéma de théorème de récurrence][
Soit $P(n)$ un prédicat.
Si
$ P(0) quad and quad forall n in NN quad P(n) => P(n+1) $
alors
$ forall n in NN quad P(n). $
]
#proof[
Soit $P(n)$ un prédicat, et supposons
$ P(0) quad and quad forall n in NN quad P(n) => P(n+1). $
Supposons par l'absurde $exists n in NN space not P(n)$.
Ainsi $A = {n in NN | not P(n)}$ est non vide, donc il est minoré.
Il possède donc un minimum $n_0 in A subset NN$.
Comme $P(0)$, on a $n_0 != 0$ donc $n_0 - 1 in NN$, et $n_0-1 in.not A$
car $n_0$ est le minimum de $A$, donc $P(n_0 -1)$. Ainsi par hypothèse
$P(n_0)$, donc $n_0 in.not A$, ce qui est absurde.
]
#definition[Addition][
On définit l'application suivante~:
$ +: NN^2 -> NN $
telle que
$ forall (a, b) in NN² quad a + 0 = a quad and quad a + s(b) = s(a+b). $
]
#remark[
On a toujours $n + 1 = s(n)$.
]
#proposition[
L'addition est associative i.e. $ forall (a, b, c) in NN^3 quad a + (b + c)
= (a + b) + c. $
]
#proposition[
L'addition est commutative i.e. $ forall (a, b) in NN^2 quad a + b = b + a. $
]
#definition[Multiplication][
On définit l'application suivante~:
$ times : NN^2 -> NN $ telle que
$ forall (a, b) in NN² quad a times 1 = a quad and quad a times (b + 1)
= a times b + a. $
]
#proposition[
La multiplication est associative i.e. $ forall (a, b, c) in NN^3 quad a
times (b times c) = (a times b) times c. $
]
#proposition[
La multiplication est commutative i.e. $ forall (a, b) in NN^2 quad a
times b = b times a. $
]
#proposition[
La multiplication est distributive par rapport à l'addition i.e.
$ forall (a, b, k) in NN quad k(a+b) = k a + k b. $
]
= Entiers relatifs et arithmétique
#definition[
On dit que deux couples d'entiers naturels $(a, b)$ et $(c, d)$ sont
équidistants si, et seulement si $a + d = b + c$. On notera ici
$(a, b) tilde.op (c, d)$
]
#proposition[
L'équipollence est une relation d'équivalence sur $NN^2$.
]
#definition[
On appelle ensemble des entiers relatifs, noté $ZZ$, l'ensemble $NN^2
slash tilde$.
]
= Nombres rationnels
== Ensemble $QQ$
#definition[
Soit $(a, b) in ZZ times NN^*$. Le couple $(a, b)$ est appelé fraction de
$a$ sur $b$ et notée $display(a/b)$.
]
#definition[
Soient $display(a/b)$ et $display(c/d)$ deux fractions. On note~:
$ a/b + c/d &= (a d+b c)/(b d) \
a/b times c/d &= (a c)/(b d). $
]
#definition[
On définit sur l'ensemble des fractions $E = ZZ times NN^*$ la relation
définie par $ a/b tilde.op c/d <=> a d = b c. $
On dit alors que ces deux fractions sont proportionnelles. On appelle
ensemble des nombres rationnels, noté $QQ$, l'ensemble $E slash tilde$.
]
#proposition[
L'application $ pi : E &-> QQ \ a/b & |-> op("cl")_tilde (a/b) $ préserve
les opérations $+$ et $times$, c'est-à-dire pour toutes fractions
$display(a/b)$ et $display(c/d)$, on a $ pi(a/b + c/d) = pi(a/b) + pi(c/d) $
]
#remark[
On l'appelle projection canonique sur $QQ$.
]
= Nombres réels et fondements de l'analyse
Voici la construction la plus délicate...
= Nombres complexes
#definition[Ensemble des nombres complexes][
On appelle ensemble des nombres complexes l'ensemble $RR^2$, noté $CC$,
muni des lois $+$ et $times$ définies par
$
+ : CC^2 & -> CC \
(a, b), (c, d) & mapsto (a + c, b + d)
$
et
$
times : CC^2 & -> CC \
(a, b), (c, d) & mapsto (a c - b d, a d + b c)
$
]
#notation[
Le couple $(a, b)$ se note alors $a + i b$. Le réel $x$ est identifié à
$(x, 0)$.
]